Penerf

Penerf

Penerf est un joli petit port de toute beauté en eau profonde, situé tout au bout d’une étonnante presqu’île longue et étroite en forme de crochet. Il est bordé au sud par l’Océan Atlantique et au nord par l’embouchure d’une profonde et tranquille ria, en forme d’étoile, qui se divise en 3 branches (rivière de Sarzeau, rivière de l’Epinay et rivière de Penerf proprement dite).

 

Histoire

Au IXème siècle Penerf est déjà l’avant-port d’Ambon, un abri portuaire naturel offrant aux embarcations la possibilité de rester à flot même à marée basse et de développer ainsi la production du sel venant des marais salants établis dans la rivière. Son nom apparaît pour la première fois en 1261, dans un texte, sous le règne du Duc de Bretagne Jean Ier.

La prospérité du port de Penerf commence au XIIIème et XIVème siècle. D’abord la proximité du château de Suscinio (construit par les Ducs de Bretagne en 1218) n’est pas étrangère à cette ampleur. Ensuite, grâce à la profondeur de la rivière, les bateaux dans le port peuvent rester à flot à marée basse. Puis, tout au long des étiers, s’échelonnent de multiples petits ports. Là se débarquent vin et goëmon (engrais indispensable de l’époque) et s’embarquent sel et céréales de Rhuys vers les pays Ibères et les nations du Nord de l’Europe. Mais il y a un incovénient: l’entrée du port, parsemée d’écueils, est assez difficile. Les passes ont une profondeur faible à marée basse, mais pour les bateaux de l’époque (quelques tonneaux) ce n’est pas un vrai handicap.

Le XVème et surtout le XVIème siècle est l’âge d’or pour Penerf qui est alors le quatrième port breton. Les marins de la rivière sont spécialisés dans le cabotage et ne comptent que très peu de pêcheurs. Le nom du port figure sur toutes les cartes marines, même celles couvrant toute l’Europe, sous des orthographes diverses (Pennerff, Penerph, Penhers et même Pencore), la petite “baye” étant quelquefois dessinée aussi grosse que le Golfe du Morbihan!

Au début du XVIIe siècle, Richelieu fonde la Compagnie des “Cent Associés” (l’ancêtre de la Compagnie des Indes) et rêve de développer le commerce avec les Indes en partant d’un grand port. Mais le projet échoue devant, semble-t-il, l’opposition du Parlement de Bretagne. Ceci peut être à l’origine d’une légende qui prétend que Penerf aurait pu être choisie en 1666 par la Compagnie des Indes à la place de l’Orient et qu’une erreur de navigation est à l’origine du choix du Blavet! En fait la taille et le tonnage des nouveaux navires de commerce ne permet plus de franchir les passes. Dès la fin de de siècle, le trafic maritime se réduit peu à peu à Penerf.

Au XVIIIème siècle se développent les salines dans la rivière de Penerf, mais l’abolition de la taxe sur le sel, en 1848, et l’autorisation d’importer marquent le début du déclin, l’exploitation des marais salants, se poursuivant pourtant jusque vers 1930. Aujourd’hui ce sont les pêcheurs, les ostréiculteurs et les oiseaux qui se partagent les étiers calmes et préservés.

Ostréiculture

 

En 1848 aurait été implanté le premier parc à huîtres dans la rivière de Penerf, dans laquelle l’huître vivait déjà pendant des siècles sur des bancs naturels. De nos jours la rivière de Penerf – une très vaste zone humide s’étendant sur des dizaines d’hectares où la marée pénètre intimement les terres, créant les conditions d’une intense activité biologique – est devenu un haut lieu de l’ostréiculture et une étape de la route de l’huitre. Pour toute information et une brochure, contactez l’Office de Tourisme à Damgan. Tél. 02 97 41 11 32.

L’huître plate (Ostrea Edulis) n’est plus cultivée ici suite à deux épidémies (1920 et 1974). Elle fut remplacée par la creuse portugaise d’abord, japonaise (Cassostréa Gigas) actuellement. La richesse et le renouvellement constant des eaux de Penerf et Pen Cadénic (sur la rive opposée de la rivière de Penerf), font de cette huître un authentique “cru”- appelée aussi “Penerfine”. Elle est charnue et bien ferme avec un coquillage brune et une nacre très blanche, développant des arômes iodés aux senteurs d’algues et une saveur incomparable. Élevée sur table ou en parc et affinée en bassin, elle met trois ans avant de mériter votre assiette.

La maison de l’huître

Située sur le port, La Maison de l’Huître de Penerf (une ancienne école de Damgan) n’en a plus hélas que le nom. En saison elle accueille diverses expositions mais sert le plus souvent de salle de conférences et de salle de réunions ou de banquets pour les habitants de la commune.

La tour des anglais


Le vestige le plus marquant de la grande époque du port de Penerf est la “Tour des Anglais” (15 mètres d’hauteur), construite sur des pâturages aujourd’hui engloutis par la mer, à la pointe de Lenn (Sud-Ouest), qu’un sentier côtier permet de gagner. Ce nom “Tour des Anglais” est récent et inexpliqué. Avant 1910 toutes les références parlent encore de la “Tour de Penerf” ou de la “Tour Blanche”. Certains croient qu’il remonte au XIVe siècle, quand les Anglais occupaient le château de Suscinio (à 7,5 km) durant 10 ans (1363-1373).

Mais selon les historiens elle a été bâtie sous François Ier. Sous quel François Ier? François Ier le Duc (1442-1450)? Pas de preuves archéologiques ni de documents pour le confirmer. Ou bien, plus probablement, du temps de François Ier le Roi (1515-1547). Elle daterait donc au moins du début du XVIe siècle. Il s’agit alors de la plus ancienne “tour à feu” (ancêtre des phares) encore existante dans son architecture d’origine sur le littoral atlantique français!

La Tour était à la fois tour de guet et fanal: elle signalait l’entrée de la Rivière de Penerf et permettait de guetter l’arrivée de corsaires ennemis: bateaux de Jersey, Espagne et Angleterre. On brulait à son sommet le bois de la grande forêt de Rhuys pour guider les navires. Ou bien du charbon de terre et même “des nippes trempées dans du goudron”. Pendant la journée elle émettait peut être des fumées qui servaient de signaux répercutés par des tours semblables ou des points élévés pour transmettre les information fournies par le guet.

La tour ne fut jamais équipé de réverbère avec lampe à huile, qui commencait à se développper vers 1770. La tour ne servait jamais de tour de défense, comme le suggèrent les meurtrières et les mâchicoulis. Car un premier fort fut construit à la fin du XVIIe siècle et un second, à une dizaines de mètres de la tour. Depuis le début du XIXe siècle le rôle de la Tour comme phare est oublié. Restaurée en 1837, son rôle est repris cette année-là par un phare à Pen Lan (Billiers), à 10 km plus à l’Est. Elle a été réparée et blanchie à la chaux en 1886 et n’est plus qu’un amer, un simple tour de guet comme les châteaux d’eau.

description (basée sur un texte de l’Association Damgan & son Histoire)

  1. L’édifice a conservé son aspect d’origine. Il comprend d’abord un soubassement tronconique (8,20m de diamètre à la base, 7,70m au sommet et 1,70m de hauteur). Hauteur et diamètre de base sont approximatifs par suite de l’irrégularité de la roche sur laquelle il est fondé. Ce soubassement est constitué de pierres appareillées, restaurées et rejointe en 1978 après qu’une très grande quantité de ciment eut été injectée en son centre. Il est à noter que cette hauteur correspond à celle de la falaise du rivage actuel.
  2. Au dessus de ce soubassement est posé un autre tronc de cône (3,80m de hauteur avec des diamètre de 5,60m et 4m). Les murs, de un mètre d’épaisseur, semblent construit en “pierres de la côte” (schiste arrachés aux roches voisines) à l’exception du tour de deux meurtrières, en pierres de taille de granit, situées à 2,50m au dessus du premier soubassement, en direction de la mer, sensiblement au sud et à l’ouest. Tout ce tronc de cône a été rempli à une époque inconnue, probablement assez ancienne, de sable et de galets pour alourdir l’ensemble et assurer ainsi une meilleure assise contre l’assaut des vagues.
  3. Au dessus encore, un cylindre (4m de diamètre et 9,20m de hauteur) constitue le corps proprement dit. La porte d’accès (1,50m x 1,05m) est située à sa base vers le nord-est. Les murs d’une épaisseur de 1m délimitent un espace intérieur de 2m de diamètre, composé de trois étages séparés par des planchers soutenus chacun par deux poutres de 20cm au carré encastrées dans les murs. Ces murs sont creusés pour laisser place à deux cheminées, l’une au premier niveau vers le sud-est, l’autre au troisième vers le nord-ouest, ainsi qu’à trois lucarnes. Celle du premier niveau au sud-ouest face à la mer, celles des niveaux supérieurs au nord-est, au dessus de la porte. La cheminée du 3ème servait à entretenir un feu qui permettait de réanimer celui du sommet en cas d’extension. Ce corps principal est couvert d’une terrasse en forme de coupole aplatie de 4m de diamètre et percée d’un trou d’accès.
  4. Pour couronner le tout, un parapet (1m de haut et 0,25m d’épaisseur) est soutenu par des corbeaux en granit encastrés à 20cm en dessous de telle sorte que le parapet a un diamètre intérieur de 4,60m. A l’exception du premier soubassement et des dits corbeaux, tout est recouvert d’un crépi relativement récent.
  5. En 1910, une carte postale montre un escalier de pierre qui menait au sommet du soubassement et une échelle de fer qui arrivait à la porte. Ces deux facilités d’accès ont été supprimés lors de la restauration de 1978. En 1920, une vue d’artiste, prise de l’océan, ne permet pas de connaître les accès à cette époque. Elle prouve cependant que l’aspect général était le même et présente un intérêt considérable tant pour le “fort” que l’on aperçoit derrière que pour le fait que la mer entourait déjà la tour dès cette époque.

L’église St-Pierre

L’église Saint-Pierre (=patron des pêcheurs) est une ancienne chapelle frairiale ayant appartenu à la paroisse d’Ambon, construite au XVIe siècle en haut de la cale, et réédifiée au XVIIe siècle. Elle a été restaurée en 1843 et promue au rang d’église paroissiale. Elle est agrandie par l’adjonction d’une chapelle dédiée à la Vierge. Le clocher est remanié plus tard pour prendre sa forme actuelle.

A l’intérieur, on voit deux grandes maquettes de bateaux suspendus dans la nef. Elle est décorée notamment d’un remarquable panneau de mosaïque, placé derrière l’autel, qui date 1935, qui montre les habitants priant “Maris Stella”, l’étoile de la mer. Il s’agit d’un don de la population de Damgan. Elle comporte aussi un chemin de croix sur bois, signé de Jégouza et d’un ex-voto très naïfs peint en 1850. Ses vitraux d’origine ont été détruits en 1944 par la déflagration que provoqua l’explosion du stock de munitions que l’occupant fit sauter en quittant le pays. Ils sont remplacés par des vitraux, offerts par les familles de capitaines au Long Cours.

La maison des douanes

Cette maisonnette (1858) a toujours abrité des services de contrôle du port: douaniers, garde-pêche. Les Allemands y avaient installé un poste de contrôle pendant la seconde guerre mondiale. Elle abrite aujourd’hui le Bureau du Port.


 

La réserve d’oiseaux des anciens marais salants

Comme dans le Golfe du Morbihan tout proche, les oiseaux de mer, les canards, échassiers et autres limicoles sont ici très nombreux et facilement observables dans la réserve naturelle des anciens marais salants près d’Ambon.

Le Tadorne de Belon, dont le couple est uni pour la vie, est présent toute l’année mais plus nombreux l’hiver, comme l’Avocette dont 1000 à 2000 individus fréquentent la rivière de novembre à mars (la plus forte concentration en Bretagne). Les Bernache Cravant venue de Sibérie passent également l’hiver dans les marais maritimes. On voit passer l’Huîtrier-pie, qui mange surtout des coques, et, d’août à octobre, 500 à 800 Chevaliers Gambettes migrateurs, sur lesquels 100 à 200 restent hiverner. Aigrettes, Gravelots, Bécassseaux et Sternes renouvellent le spectacle à chaque heure et à chaque saison.


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